CHATIMENT
Cette série photographique vise à exprimer non pas une histoire mais un ressenti. Elle mélange photographies de rue, d’architecture, de portraits et de curiosité et met l’accent sur l’atmosphère en cherchant à créer un effet de désorientation.
Le spectateur est plongé dans une atmosphère crépusculaire et angoissante, où la menace n’est jamais clairement explicitée mais semble planer de manière sourde. Les clichés suivent un ordre précis, dramatique, mais non chronologique qui aspire à créer une tension qui atteint des points de rupture symbolisés par la résurgence de la couleur.
L’impression de désorientation est accentuée par le travail sur le négatif qui est au cœur de ce projet. En inversant les valeurs de luminance et de chrominance, le négatif modifie profondément la perception. Il nous donne à voir l’envers de la réalité. Tous les repères visuels sont ainsi bouleversés : les vues architecturales deviennent crépusculaires, les visages sont déshumanisés ; le jour devient nuit et l’obscurité aveuglante.
Dans un monde où le faux devient vrai, où la catastrophe climatique est davantage tue à mesure qu’elle croît et où les guerres de destruction deviennent des combats pour la paix, cette inversion des valeurs a également un double-sens et cherche à exprimer l’incompréhension face à un monde où les valeurs semblent si facilement inversables.
Les personnages ici représentés sont cantonnés à un rôle passif qui dénonce le sentiment d’impuissance face à l’anxiété générationnelle ; comme si le seul pouvoir qui nous était donné était celui de voir. Dans la mythologie grecque, le personnage de Tirésias est condamné à devenir aveugle et reçoit en échange le don de clairvoyance. L’utilisation du négatif cherche à représenter cette vision transcendante.